Méthode de l’analyse de Duchamp à Rome
Il faut ici partir du postulat philosophique suivant : la première forme d’hospitalité, l’hospitalité originelle, pourrait-on dire, est l’hospitalité absolue, inconditionnelle, de celle que le philosophe René Schérer a étudiée dans son livre Zeus hospitalier à travers l’épopée d’Homère ou les textes utopiques de Charles Fourier. C’est à une telle forme d’hospitalité qu’est convié le Romain dans Duchamp à Rome.
Mais une telle forme, à l’échelle d’un individu comme à celle d’une société, pose évidemment problème ; on pourrait même dire que l’étranger au seuil d’une culture, par sa présence-même, révèle à celle-ci ses limites.
Nous sommes donc ici, en liminaire, dans le champ d’une anthropologie de la responsabilité et de la culpabilité : l’hôte se sent responsable pour sa vie, et, quelquefois, coupable de ne pas avoir accueilli l’étranger, pour des raisons de prudence évidentes : le comportement de l’étranger peut, tout simplement, ne pas être acceptable, ou l’hôte n’est pas en mesure de le recevoir, il n’en a pas les moyens. Mais même, lorsqu’il accueille l’étranger, l’hôte peut se sentir coupable de ne pas pouvoir en faire davantage : ici, son humanité joue en sa défaveur.
Il y a peut-être des exceptions, de ces rencontres-contingentes, mais celles-ci sont probablement trop rares pour qu’elles n’infirment les règles de l’hospitalité. Et toutes les nations actuelles sont comme notre hôte ; ce qui change entre tel ou tel, homme ou nation, c’est la culture de l’hospitalité dont nous sommes tous dépositaires et qui influent sur notre comportement à accueillir ou pas l’inédit, quand il sonne à la porte.