#Duchamp@#Rome est la rencontre entre deux auteurs aux projets sensiblement différents mais dont l’axe central est commun aux deux. Ce centre charnière, c’est la perspective de création. Il s’agit de considérer l’espace comme le moteur de création, le support de réalisation et comme la surface de diffusion.

Lors de cette réalisation, les travaux de Bruno Lemoine et de Xavier Leton diffèrent. Le premier développe un travail d’écrivain, tandis que le second propose un travail de plasticien. Mais Ils s’accordent au sujet du traitement de l’espace en tant que source de réalisation qui interpelle les sens.

La création collective intitulée #Duchamp@#Rome se décline sous la forme de 6 vidéos sonores, dont l’écriture visuelle repose sur l’action des pixels et non des sujets, de transparence et de luminosité. Les textes lus sensibilisent le spectateur à la présence imaginaire de Duchamp à Rome, mais surtout ils ouvrent la perception de chacun à ce que peut être l’accueil de l’étranger, l’autre et ses différences, la disparition de celui-ci de l’espace du sensible.

La peinture de Duchamp, « Réseaux des stoppages étalon » permet à tout un chacun de créer un itinéraire à travers l’espace qui lui plaît, qu’il soit urbain, péri-urbain, ou rural, à condition qu’il soit ouvert à l’autre

Ce que « Les VillesAllantVers », création de Xavier Leton, ont apporté à « Duchamp à Rome »

« Duchamp à Rome » est, à l’origine, un court texte interrogeant la notion de dérive urbaine, telle que les surréalistes puis les situationnistes en ont parlé. À partir de la peinture de Duchamp, « Réseaux des stoppages étalon », ce texte cherche d’autres points de fuite possibles dans la vie quotidienne.

Le projet Les VillesAllantVers  de Xavier Leton interroge notre poétique de la ville, non de façon philosophique comme cela a été le cas avec le philosophe Pierre Sansot, mais en demandant à des citadins de raconter leur ville à partir de leurs itinéraires quotidiens. Chaque récit d’itinéraires des participants à Les VillesAllantVers crée ainsi un espace urbain nouveau et inédit, réalisé par le maillage du cheminement de chacun.

Il s’agit donc, dans l’un et l’autre cas, d’« œuvres ouvertes » (Umberto Ecco) cherchant à se réaliser dans l’espace de nos villes.  

Ce que « Duchamp à Rome », création de Bruno Lemoine, a apporté à « Les VillesAllantVers »

Les VillesAllantVers est une création ouverte et volontairement abstraite dont le but est de permettre à chacun de s’emparer d ‘une partie de la ville et de la transformer selon sa sensibilité.

Afin d’ancrer Les VillesAllantVers dans la réalité, j’ai proposé une trame de création collective développée ci-après en quatre points mobiles et statiques : le parcours, l’itinéraire, le bon coin, l’objet qui, concaténés, aboutissent à la découverte d’une ville invisible.

Le texte de Bruno Lemoine, Duchamp à Rome, est venu télescoper ce déroulement, infléchissant la finalité de cette réalisation. Au contraire, l’invitation à la transparence fait naître d’autres formes de monstration, invite à travailler d’autres matières.

Les deux projets réunis permettent de collecter, de classer les données sensibles d’un espace et de créer des espaces invisibles à partir de ces données sensibles.

Synthèse

L’ensemble de ces créations peuvent être présentées aux spectateurs sous diverses formes. Quatre se dégagent de toutes celles que nous avons explorées.

La première de ces propositions permet une exposition dans un espace restreint. La seconde proposition se destine à des espaces plus vastes disposant d’une surface au sol importante. La troisième préconise une diffusion dans la ville suivant un ou plusieurs parcours établis entre le curateur et les artistes. La quatrième proposition est plus ouverte car il s’agit d’une création originale, dans ce cas nous préconisons la réalisation d’un atelier et ensuite d’une installation participative.