Tous les textes sont issus de phrases collectées dans la rue, le métro, le train, dans d’autres lieux ou sur d’autres supports. Il s’agit de collecter la parole. Avec méthode, vivre en silence, ne rien abandonner de ce que nous écoutons et entendons. Tendre l’oreille et accueillir ce qui prend forme en elle, le restituer ou le débagouler.
Sounds : Jorge Bachmann
Txt/images : Xavier Leton
j’écris sur les murs aux briques disjointes
[Celui qui ne commence rien, ne lève pas la main]
[je] bannis les mouvements du corps
[renonce à la fin du diktat,]
[subis l’espace figé.]
J’écris sur des murs aux sourires édentés.
[dernier lieu du dernier recours,
et au-delà,]
le masque sans crainte de [la] grimace
[Je] crispe un sourire vide, sans ride.
j’écris sur les murs où s’articule notre silence.
[Le visage livide du vendeur de rien]
Nous sommes les éborgnés du pouvoir
Gazés, Privés de langues
Ils nous voient comme des insectes
Nous n’avons jamais rien écrit
Les murs sont imbibés de notre sang
de notre déférence au pouvoir au prince capricieux
Soyons naturels et calmes
I’m writing on the walls with disjointed brick .
[He who doesn’t start anything, doesn’t raise his hand]
[I] banned body movement
[renounces the end of the diktat,]
[undergo the frozen space.]
I write on walls with toothless smiles.
[last place of last resort,
and beyond,]
the fearless mask of [the] grimace
I hold an empty smile, without a wrinkle
I write on the walls where our silence is articulated.
[The livid face of the seller of nothing]
We’re the one-eyed by the authorities
Gassed, with no Language
They see us as insects
We never wrote anything
The walls are soaked with our blood
[of] our deference to power to the capricious prince
Let’s be natural and calm